Citations

Aphorismes, citations et autres pensées courtes de longue portée...

L'aphorisme, la citation, la définition ne pouvaient que convenir à Jacques Sternberg. Voilà un autre terrain de jeu où il excellait. Une ligne, une pensée, et une baffe, pourrait-t-on ajouter.

Ses citations sont tellement percutantes que sur internet il y a plus de références à celles-ci qu'aux livres d'où elles sont extraites. À savoir pratiquement tous, mais, surtout les autobiographies, les dictionnaires et le seul recueil d'aphorismes qu'il ait publié : Les pensées, aux éditions du cherche Midi en 1986  Voici donc quelques perles pêchées sur le net et dans ses livres, ne poussez pas il y en aura pour tous les goûts.

Ami(e)s de la retenue et du consensus, du romantisme cul-cul veuillez passer votre chemin. Ses aphorismes  sont taillés pour l'attaque féroce, la riposte méchante et le défoulement iconoclaste. Attention, cet homme ne fait pas de prisonniers !

Florilège des citations Sterbergiennes...

Je ne suis jamais entré dans un bureau sans me demander comment m'en échapper. 


Arriver tous les jours à son travail avec une heure de retard est un signe de ponctualité. 


Pourquoi chercher désespérément la clef du bonheur alors que, de toute façon, la serrure n'a jamais existé ?  


Né le jour des morts il passa toute sa vie à se regretter.  


Que de femmes croient avoir des jambes, alors qu'elles n'ont que des jambons.  


J'oublie tout, donc je suis.  


Comment rira celui qui mourra le dernier ?  


Nous sommes condamnés, nous les Terriens, à la banalité.  


Je ne m'ennuie jamais. Mais tout m'ennuie.


Se mettre en ménage, c'est aller fatalement au surmenage. 


Une bibliothèque, c'est un des plus beaux paysages du monde. 


La politique, fille de la diplomatie et de l'escroquerie courtoise. 


Moi, j'aime bien jeter par-dessus bord les multiples privilèges que nous accorde notre temps dans le but évident de nous faire oublier qu'il nous écrase, en contre partie, sous des tonnes d'inconvénients. 


Ne jamais oublier que l'espoir fait vivre. 


Quand les autos penseront, les Rolls Royce seront plus angoissées que les taxis. 


Assurer un emploi exige non seulement une mentalité de prisonnier sur parole, mais une faculté de toujours recommencer les mêmes gestes. 


C'est drôle aussi laid que ce soit, un paysage, les hommes arrivent toujours à l'enlaidir encore. 


Je n'avais jamais ressenti le besoin d'avoir l'heure de ma mort gravée à mon poignet. 


Le superflu m'a toujours paru le sel de la vie et que seuls les charmes de l'inutile peuvent vous aider à supporter les horreurs de l'indispensable quotidien.


Les villes ne sont jamais que des ensembles plus ou moins réussis de tiroirs échafaudés les uns sur les autres.


Consommer, c'est en réalité se consumer, c'est consumer toute flamme, tout désir violent, toute passion. 


Les passions se nourrissent voracement de contretemps. 


Rien ne tue plus sûrement la pensée, la créativité, le rêve, la lucidité ou le délire que le travail intensif, l'efficience, l'amour frénétique du gain, la course au profit et aux boulots profitables. 


Même quand on a le temps de perdre du temps, il faut encore trouver les jeunes femmes avec lesquelles le perdre. 


Il y a deux sortes de ruminants: les bovidés, qui ruminent de l'herbe, et les humains, qui ruminent du verbe. 


C'est effrayant: être en vie, cela signifie avant tout se demander si oui ou non on sera encore en vie dans une heure.


Dans ce monde de fous furieux, il y a aussi des mous sérieux. 


Derrière l'apparence, il y avait peut-être la réalité. L'apparence faisant fonction d'ombre protectrice. 


Inquiétant, mais vrai: sur les 80 milliards d'individus qui ont déjà fréquenté notre terre aux cours des siècles, aucun n'a survécu. 


Inscription qu'il souhaite «voir» gravée sur sa tombe: «Au secours!».


J'aimerais bien connaître le nom et l'adresse d'un être humain qui soit mort de sa belle mort.


Je n'envie rien de très particulier sur cette terre. Sauf ceux qui seront encore en vie après moi.


Je pense, donc je sue. De trouille, évidemment.


L'Eglise a toujours tout fait pour soigner son image de marque tapageuse parce qu'elle sait que seuls le ridicule, le tape-à-l'oeil, le clinquant et le mauvais goût séduisent les foules. 


La déclaration d'impôts peut passer pour le contraire d'une déclaration d'amour: on en dit le moins possible. 


La mort, qui a toujours tort, a raison de chacun.


La faim justifie les moyens, mais on a rarement les moyens quand on a faim.


La serviette n'est jamais qu'un torchon qui a réussi. 


La vie est le seul raccourci d'un néant à un autre.  


La vieillesse, la dernière politesse de la moisissure.  


Les conseils qui valent de l'or rapportent rarement de l'argent.  


Les hommes vraiment pieux, on devrait en faire des clôtures. 


Les interminables amours épistolaires des romantiques n'auraient pas eu cours s'il y avait eu le téléphone à cette époque.  


Mon plus grand remords sera de ne pas avoir droit à une re-mort.  


On parle sans cesse du temps perdu qui ne se rattrape jamais, alors que personne ne se demande comment rattraper le temps gagné.  


On peut avoir été un mauvais fils, un frère ingrat, un père injuste, un mari infidèle, un amant cynique, un employé incapable, un détestable citoyen, et devenir malgré tout un mort exemplaire.  


Qui trop embrase mal éteint.  


Si on te pelote le sein droit, tends le gauche.  


Théoriquement, l'homme est un être humain. Pratiquement, c'est un tuyau percé aux deux extrémités.  


Ventre affamé n'a pas d'oreilles. Heureusement, parce que ce n'est pas avec ça qu'il pourrait se remplir.  


Scrabble : Jeu où le Q vaut encore plus cher que dans la vie de tous les jours.  


Comment croire à Dieu qui, depuis le temps, n'a même pas le téléphone ?  


Dans la vie il y a des hauts et des bas. Il faut surmonter les hauts et repriser les bas.  


Les hantises de l'homme se réduisent à trois points de mire : mon moi, mes mois et mes émois.  


Les philosophes ressemblent sans le savoir aux fourrures. Tous deux attirent les mythes.  


Tout jeune, on pousse. Adulte, on se pousse. Vieux, les autres vous poussent.  


Cent fois sur le fessier, remettez votre ouvrage.  


Il serait assez intéressant de calculer le poids exact d'un homme, compte tenu du fait qu'il a le bras long, les idées larges, la vue courte, l'oreille basse, le front haut, la voix profonde et qu'il vit sur un grand pied en nourrissant des pensées peu élevées.  


Un bienfait n'est jamais perdu, mais un vrai méfait est rarement retrouvé.  


Beaucoup d'hommes ont une idée derrière la tête. Très loin derrière, presque toujours. 


Personne n'est plus redoutable que celui qui n'a jamais de doutes. 


Au royaume des sourds, les aveugles sont muets.  


Gagner son pain n'intéresse plus grand monde, c'est garder son gain qui compte.  


L'homme a imaginé le cercle avant de savoir que la terre était ronde. ça prouve quand même une certaine faculté d'invention.  


Il n'y a que deux catégories dans la société moderne : les vendus et les invendables.  


Contre toute la logique des lois de la physique, une femme toujours mouillée empêche l'homme de rouiller.  


La mort, décidément, m'aura gâché toute ma vie. Rien de ce que j'ai vécu ne pourra me consoler de cette certitude d'y passer un jour. Une seule question reste en suspens : est-ce que la mort me consolera de ma vie ? 


Actionnaire : gestionnaire souvent passif de l'activité des autres. 


Quand on est arrivé, on est important ; quand on tente d'arriver, on est importun.